Me Wade aux parents des victimes : Renflouer le Joola, oui, mais par qui et avec quels moyens ?
Le bateau Le Joola qui gît depuis le 26 septembre 2002 dans les fonds marins sera-t-il un jour délivré des eaux de l’Océan Atlantique ? Ce n’est pas en tout cas le chef de l’Etat qui s’opposera à cette initiative qui répond à une préoccupation majeure de la plupart des familles des victimes du Joola. Dans son allocution d’hier, le président de la République a exprimé sa volonté d’accompagner toute initiative allant dans ce sens.

(Correspondance) – Le président est favorable au renflouement de l’épave - qui gît par seulement 18 m de fond, si l’on en croit le plongeur Aly Haidar -, mais a des doutes quant à la faisabilité d’une opération dont on n’arrive pas à trouver les moyens financiers. «J’ai donné mon accord pour la restauration du bateau», a clamé hier le président Wade à Ziguinchor lors de la commémoration du troisième anniversaire de la tragédie du 26 septembre. Mais, tient à préciser Me Wade, accompagné par une demi-douzaine de membres du gouvernement, «la seule question qui reste est la question des moyens». Un sujet qui préoccupe le président de la République qui a regretté que ni les promesses des députés européens, ni les sollicitations en direction de l’Union européenne n’aient permis de rassembler les fonds nécessaires à l’opération. «Les députés européens avaient promis, nous avons appelé l’Union européenne à s’intéresser à cette affaire, mais à ma connaissance, aucune somme n’a encore été dégagée», s’est-il plaint. Mais cette indifférence de la communauté internationale n’est pas de nature à décourager le président de la République qui a réitéré sa volonté de participer de toute façon si une opération était engagée. Sauf que pour lui, cette question du renflouement du Joola est un problème complexe parce qu’elle concerne des milliers de parents de victimes. Et en tout état de cause, pense-t-il, «une telle opération ne peut se faire qu’avec consensus avec l’ensemble des parents des victimes». Si l’on en croit le président Wade, qui  a encore une fois rappelé que le gouvernement du Sénégal ne s’oppose pas au renflouement du Joola, «si un jour, nous réunissons les moyens financiers et techniques, nous entreprendrons une concertation pour arriver à un consensus». S’agissant d’ailleurs de ces moyens techniques, le chef de l’Etat regrette l’inexistence de propositions dans ce sens. «J’ai moi-même reçu des Américains et des Français, mais apparemment, aucun d’eux n’a encore indiqué comment on pourrait récupérer l’épave du Joola».

Cette sortie du chef de l’Etat répondant à une interpellation des familles des victimes fait apparaître toute la complexité d’une opération que les populations ne cessent pourtant d’appeler de tous leurs vœux.

En tous les cas, et malgré ces «obstacles» au renflouement de l’épave de ce navire, la volonté des proches des naufragés reste intacte. «Nous pensons que le président doit tout faire pour que le bateau sorte des fonds marins». C’est en tout cas le souhait de ce parent de trois victimes qui ne semble pas découragé par ces obstacles dressés devant le renflouement. Au contraire, A. M. estime, comme certains de ses camarades d’ailleurs, que le manque de moyens financiers ne doit pas être brandi comme argument pour justifier ce qui apparaît à ses yeux comme «un manque de volonté des autorités».

On semble loin d’un dénouement heureux de cette question du renflouement de l’épave du Joola qui constitue une priorité aux yeux de certains, à l’image des membres du Collectif de coordination des familles des victimes du Joola. A la place, le chef de l’Etat propose le désenclavement interne et externe de la Casamance. Lequel passe par la création d’une ligne de chemins de fer, d’une route de contournement, par la réalisation des routes Ziguinchor - Cap Skirring, Oussouye - Mlomp, la Boucle du Blouf etc. Des mesures qui s’accompagnent d’une volonté des autorités de tout faire pour que le tarif de l’avion, jugé trop cher par Me Wade, soit revu à la baisse.

Mamadou Papo MANE