Naufrage du Joola : Une fuite en avant de l'Etat pour éviter un procés
Dès les premières heures du naufrage du Joola, le président de la République a engagé les responsabilités de l’Etat dans ce drame. Les raisons de cet aveu rapide ont été mieux explicitées hier. Il visait à éviter des procès dont l’Etat aurait du mal à sortir, avec une affaire qui aurait pu prendre des allures internationales, au vu des origines différentes des naufragés de cette nuit du 26 au 27 septembre 2002. Trois ans après, la commémoration de l’anniversaire de ce drame qui avait fait plus de 1800 morts, a conduit hier le chef de l’Etat à Ziguinchor.

On en sait un peu plus sur les raisons qui amenèrent le président Abdoulaye Wade à déclaré, dès les premières heures du drame du Joola, la responsabilité de l'Etat du Sénégal. «C'était pour éviter un procès», révèle le chef de l'Etat qui a visité, hier, le nouveau bateau Wilis qui vient assurer l’intérim du Joola trois ans après le naufrage de ce dernier. On se souvient aussi que le chef de l'Etat avait engagé l'ensemble de son gouvernement à prendre toutes les initiatives nécessaires en direction des familles des victimes et rescapés du naufrage du Joola «pour une gestion par une procédure diligente et simplifiée». C'est ainsi que, dira le président de la République, le recensement des victimes, la prise en charge des rescapés, l'assistance psycho-sociale aux familles, l'indemnisation de toutes les familles ainsi que l'octroi du statut de «pupilles de la nation» à tous les orphelins mineurs ont été entrepris dans une parfaite collaboration avec les membres de l'Association nationale des familles des victimes. Et le président Wade d'égrener les actions entreprises par son gouvernement, non sans louer «l'engagement patriotique» de l’Association nationale des familles des victimes du Joola (Anvf/J) que de plus en plus certains suspectent d’être création et instrument du gouvernement. Une suspicion dont l’Anfv/J se défend du reste sans vraiment convaincre.

«1300 dossiers ont été définitivement traités par la commission d'indemnisation, 46 autres le seront dans la deuxième quinzaine du mois prochain. Ce qui représente un taux d'indemnisation de 73 %», relève le chef de l'Etat. Et poursuit, le président Wade, «le montant des règlements effectués s'élève à 13 milliards 30 millions F Cfa provenant du fonds d'indemnisation de 20 milliards mis en place par le gouvernement». Au surplus, signale le chef de l'Etat, «des dossiers concernant aussi bien des Sénégalais que des personnes de nationalité étrangère ont été confectionnés ou sont en train de l'être».

D'un autre côté, la commission sociale a, grâce au fonds d'aide d'urgence Ms/Jool, effectué plusieurs réalisations dont la prise en charge médicale gratuite des familles des victimes, la remise d'appui financier d'un montant de 100 mille francs Cfa et alimentaire ( 100 kg de riz) à ces mêmes familles en 2002. Pour les besoins de la rentrée des classes 2003-2004, la somme de 50 mille francs Cfa a été allouée aux parents des victimes. Pour la rentrée 2004-2005 et 2005-2006, les élèves orphelins se sont vu offrir, selon le chef de l'Etat, plus de 1600 cartables. A cela s'ajoutent, l'organisation de colonies de vacances au Sénégal et en Gambie, le placement de plusieurs orphelins au sein d'organismes de bienfaisance comme Human Appeal International, l'étude en cours du projet d'appui aux familles des victimes avec l'Ecole des métiers du tourisme de Ziguinchor, l'organisation d'un séminaire sur les perspectives d'auto-promotion économique et social des familles, la distribution d'aides à chaque grande fête religieuse musulmane ou chrétienne.

De toutes ces préoccupations, le remplacement du bateau Le Joola a été, selon le président Wade, l'une des plus grandes. C'est pourquoi, dira le chef de l'Etat, «je me réjouis de la traversée inaugurale que le bateau Willis vient d'achever avec succès».

Revenant sur les raisons de la longue attente de bateau en remplacement du Joola, Me Wade explique que «c'était pour s'assurer que toutes les conditions de sécurité, de confort et de navigabilité dans l'océan et le fleuve étaient réunies pour la reprise de la liaison maritime Dakar-Ziguinchor». Il fallait, au surplus, selon le chef de l'Etat, terminer les travaux d'amélioration et d'extension du port de Ziguinchor.

Mais, le bateau Willis est comme une solution transitoire. «Il (le Willis) est là en attendant d'être relayé par d'autres bateaux en fabrication», indique le chef de l'Etat.

A. DIOUF