Voyage au Sénégal

  Le 20. 12. 2002 : Départ pour Mulhouse à 3h45, embarquement à 6h10, puis départ direction Dakar à 7h10, escale à Tenerife, arrivée à Dakar 13h30. Il faisait très chaud, 28° à la descente de l’avion, le vol s’est bien passé. Jean-Marc (notre contact à Dakar) nous attendait à la sortie de l’aéroport, il y avait beaucoup de monde. Il nous a emmenés au cercle de la made, lieu où résident les militaires français et où nous avons logé pendant notre séjour. Après avoir déposé nos valises, Jean-Marc nous a conduit à l’ambassade pour prendre rendez-vous avec Monsieur Léger. Le rendez-vous est pris pour le lendemain 10 heures. Nous sommes ensuite partis visiter Dakar et nous avons en même temps pris les billets d’avion pour Ziguinchor (198,18 euros aller/retour). Le soir, nous avons dîné chez Jean-Marc, vers 21h30 nous sommes retournés au cercle de la made pour nous reposer après cette épuisante journée.

  Le 21. 12. 2002 : Lever 8h45, petit déjeuner au cercle. Il faisait déjà très chaud. Vers 9h30 Jean-Marc est venu nous chercher pour aller au rendez-vous avec Monsieur Léger. Nous avons discuté pendant presque 2 heures. M. Léger nous a expliqué en détail les procédures qui étaient entamés et qui sont notées dans un rapport. M. Léger nous a expliqué les problèmes techniques du bateau puis nous a remis le rapport. Il a ajouté que le commandant de bord voulait se débrouiller tout seul et que l’équipage n’était pas compétent pour manœuvrer ce bateau. Il a résume la journée du 26 septembre : les passagers ont embarqué à 13h30 par temps calme, vers 16h30 mouillage à Carabane, vers 18h55 le Joola met le cap sur Dakar et à 22h00 il entre en contact avec la marine de Dakar. Un vent très fort aurait été détecté au radar peu après. Vers 23h00, la pluie devient plus importante et, s’ajoutant au vent, provoquerait le chavirement rapide du bateau. Le commandant n’aurait pas eu le temps d’envoyer un message de détresse ! Le bateau est toujours immergé à 25 mètres de profondeur. M. Léger a ensuite téléphoné à Mme Mathieu qui s’occupe des dossiers juridiques français mais hélas cette dame était absente. Il nous conseille de revenir le lendemain pour la rencontrer. Quelques informations supplémentaires : M. Léger a également  reçu la famille Peroni qui est venue à Dakar pour s’informer de la situation. D’après M. Léger, M. AUVRAY le seul rescapé français serait sorti par un hublot qu’il aurait cassé. La semaine dernière, ils ont par ailleurs récupéré le sac d’une Française sur le rivage. Le lieu du naufrage est surveillé par des patrouilles à cause des pillages.

Après cet entretien, nous sommes allés en ville nous promener et discuter avec des gens et des commerçants tout en montrant la photo de Laurence et Marcel et puis nous sommes allés dans un restaurant qui figure sur le livre du routard, lieu de passage de presque tous les touristes qui passent à Dakar, mais là encore personne ne se souvient d’eux.

  Le 22. 12. 2002 : Dimanche matin, nous sommes allés à la messe à 10h30, toujours en quête de personnes qui auraient peut-être aperçu Laurence et Marcel mais en vain. Au retour à midi Jean-Marc est venu nous chercher pour visiter les alentours de Dakar, nous avons déjeuné au bord de l’océan. Puis, nous avons pris un taxi pour revenir au cercle de la made. Ce bâtiment a été construit en 1935 par le commandant Villain, c’est un hébergement pour les familles de militaires, protégé par des gardes jour et nuit.

  Le 23. 12. 2002 : Lundi, nous sommes de nouveau retournés à l’ambassade pour voir Mme Mathieu qui était toujours absente. Nous avons été reçus  par son assistante qui nous explique qu’elle ne connaît pas le dossier mais qu’elle est en mesure de nous donner un acte de décès signé par les autorités sénégalaises. Elle ajoute que l’acte de décès et d’autres papiers ont été envoyés à Nantes, puis au tribunal de Grande Instance de Paris. De l’ambassade, nous sommes allés nous promener sur le marché de Dakar toujours avec la photo de Laurence et Marcel. M. Léger nous a expliqué qu’il ne fallait pas trop faire de vagues car pour le moment le calme est revenu, les gens concernés par la tragédie ont retrouvé le calme. Il y a eu beaucoup de manifestations, semble-t-il, des blessés graves et même des morts. Partout on nous dit la même chose.

  Le 24. 12. 2002 : Mardi départ à 6 heures du matin pour l’aéroport direction Ziguinchor. Arrivée à 9 heures en Casamance. A bord de l’avion, on apprend qu’il y a un Ministre de l’environnement et une délégation à la descente de l’avion. Nous assistons à une manifestation de personnes qui réclament du travail et de l’argent. L’accueil est houleux. Enfin, un taxi nous emmène à l’hôtel où Laurence et Marcel ont résidé durant quelques jours. Nous nous retrouvons dans la même chambre. Le personnel se souvient très bien d’eux et il  garde un bon souvenir de nos enfants. C’est très étrange d’être dans cette chambre n°8. Après le déjeuner, nous sommes allés au port, là où ils ont fait leurs derniers pas avant de monter sur le bateau. Nous étions devant les grilles du port, ce fut un moment très dur, malgré tout nous nous sommes sentis un peu soulagés après cela. Dans notre tête, nous avons fait le même trajet qu’eux. Nous étions tristes mais heureux de sentir notre fille près de nous. Puis,  nous sommes allés à l’église pour connaître l’heure de la messe de minuit. Là, nous avons rencontré des religieuses du « saint souvenir » qui nous ont raconté l’embarquement de ce jour-là. Elles aussi ont perdu des soeurs  sur le Joola. Au retour, nous sommes allés à la radio, à  la police puis au Conseil Général « la gouvernance », ils nous ont montrés la liste des disparus sur laquelle figure Laurence et Marcel. Ils nous ont également expliqué que nous ne devions pas trop remuer le passé parce que la population est assez calme maintenant et que de plus c’était Noël. Nous sommes donc retournés à l’hôtel pour discuter avec le personnel. Ils nous ont raconté que Laurence était très contente du voyage et qu’ils avaient tous les deux bien apprécié la région. A leur arrivée, ils avaient eu la chambre n°6 et au retour du campement d’AFFINIAM ils ont eu la chambre n°8. C’est une belle chambre avec terrasse. Difficile à supporter d’être dans cette chambre, là où ils ont passé leurs dernières nuits. Le soir, nous sommes allés à la messe de minuit, nous nous y sommes rendus à 22 heures afin d’avoir une place car l’église était pleine à craquer. Il faisait une chaleur étouffante, il y avait au moins 2000 personnes, musulmans, chrétiens tout le monde participait à la fête. Les tam-tam résonnaient dans la foule, c’était très poignant. A la sortie à 1 heure du matin, les rues étaient pleines de monde, mais tout était calme.

  Le 25. 12. 2002 : Le jour de Noël, nous sommes de nouveau retournés à l’église afin de voir certaines personnes avec lesquelles nous avions fait connaissance pour qu’ils nous parlent des événements qui se sont produits à la suite de la catastrophe. Nous avons beaucoup discuté avec des gens qui étaient très émus. Ils ont compris pourquoi deux blancs étaient parmi eux et se promenaient dans toutes les rues pour chercher des informations. Nous n’avons pas rencontré une seule personne qui n’était pas dans la peine. Nous avons respecté leur souffrance et essayé d’être discrets. C’est ainsi que notre séjour en Casamance s’est terminé.

  Le 26. 12. 2002 : Quand nous avons quitté la chambre, le personnel nous a dit que Laurence et Marcel étaient sortis de leur chambre le 26 septembre à la même heure que nous, ils se sont assis sur le canapé de l’entrée pour attendre le taxi comme nous. Ce fut terrible d’entendre cela, nous ne pensions pas faire le même chemin qu’eux trois mois plus tard. Puis, nous sommes  partis à l’aéroport pour retourner à Dakar. Dans l’avion qui nous amenait vers Dakar nous avons pu voir où se trouve le bateau qui est enfoui à 25 mètres de profondeur et surveillé à cause des pillards qui sont à la recherche de bijoux ou autres objets de valeur. A notre arrivée, Jean- Marc et sa petite famille nous ont rejoints pour un dernier dîner.

  Le 27. 12. 2002 : Départ à 6 heures du matin pour l’aéroport Senghor. Il y avait encore une manifestation au sujet de la Côte d’Ivoire. Enfin, après 3 heures d’attente nous avons enfin embarqué pour arriver vers 22 h 30 à Mulhouse.

 

 

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