Putain de bateau

« En ce mercredi 08 Janvier 2003 ; Moi, Stéphane neveu de Marcel, je me retrouve devant l’ambassade du Sénégal à PARIS.
En effet, flânant dans les rues de PARIS ; c’est par " total hasard " que je me suis retrouvé une fois de plus dans la rue Robert Shuman.
Une fois de plus car un mois auparavant lors de la manifestation du 14 Décembre 2002, nous avions essayé d’effectuer ensemble une marche pacifique. Toutes les familles ou représentants des disparus du JOOLA étaient là , mais aussi toute une horde de CRS…

Pourquoi ? ? ? ? ?

Pour quelle raison ? ? ? ? ?

Même les Sénégalais de PARIS ne pouvaient pas s’exprimer, faire entendre leur colère devant leur maison, leur ambassade.
« Nous voulons l’ambassadeur, Nous voulons l’ambassadeur, Nous voulons l’ambassadeur ! ! !…
Le laxisme n’est pas une fatalité, Le laxisme n’est pas une fatalité, Le laxisme n’est pas une fatalité ! ! !…. »
Mais enfin….
Ce jour là l’ambassadeur était absent, quelle coïncidence ! ! !
Juste une délégation de 8 personnes a été reçue ce jour là.
Je n’ai pas eu la chance d’en faire parti, car son nombre était limité…Peur d’un surnombre ? On n’est pas méchant, on ne demande qu’une chose : ne pas laisser le JOOLA en son état actuel.
Ainsi, moi-même de mon côté, je veux comprendre, je veux savoir si le JOOLA n’est pas oublié ; Que vont me dire ces politiciens sénégalais, qu’en est-il de la suite des opérations ? Que font ils ?
Poussé par un certain ras le bol de ne plus rien savoir, une haine de se sentir oublié ; le dynamisme, l’impulsivité, la joie de vivre intense à 100 à l’heure de Marcel me pousse chaque jour à aller de l’avant, de vivre, de me battre
Pour lui, pour moi, j’ai eu un entretien avec le président du Sénégal Abdoulaye WADE à Clermont-Ferrand.
En ce mercredi 08 Janvier 2003, j’ai eu un entretien avec l’ambassadeur du Sénégal : Doudou Sala DIOP puis avec son ministre conseiller : Moustapha SENE.
L’ambassadeur ne m’a accordé que quelques minutes de son temps précieux pour parler du JOOLA.
Peut-être a t il d’autres dossiers en cours plus importants, plus dramatiques pour le compte du Sénégal ? Mais enfin…
Je suis en colère, j’ai une certaine haine envers les autorités  Sénégalaises en place.

Voici les questions posées à l’ambassadeur :

Qu’en est-il ?
Pourquoi le Sénégal ne fait rien pour sortir " ce putain de bateau ? ! ! ! "
Pourquoi le président WADE dédaigne répondre à des offres pour renflouer ce putain de bateau ? ! ! "
Comment voulez que nous, simple citoyen, fassions la lumière sur ce drame ? ? ?

  A toutes ces questions, même l’ambassadeur, ne sait pas pourquoi RIEN n’est fait au jour d’aujourd’hui, pourquoi attendre autant de temps sans sortir " ce putain de bateau ? ! ! ! "

Pourquoi le président WADE ne leur donne aucune explication ? 

J’ai eu l’impression que même eux n’en savent pas plus sur ce dossier.

De cet entretien avec l’ambassadeur, je n’ai RIEN appris de plus.

L’ambassadeur m’a conseillé d’en parler plus longuement avec son ministre Conseiller : SENE en charge de ce dossier aussi triste soit-il…

  Voici les questions posées au Ministre Conseiller, ainsi que ses réponses :

  ·          Pensez-vous qu’ils vont ressortir " ce putain de bateau ?"

 « Oui, mais nous ne comprenons pas pourquoi attendre tant de temps ? »

·          Pourquoi le président WADE n’accepte pas d’aide ?

 « On ne sait pas, les différentes propositions sont en attente… »

·          Nous, comprenez-nous, nous ne demandons pas grand chose, nous voulons quelque chose de lui qui pourrait l’identifier, nous permettre de faire un deuil en sa mémoire, ne jamais l’oublier…Pourquoi ne pas examiner " ce putain de bateau ". Aucune explication de sa part.

·          Nous avons reçu l’acte de décès du Sénégal, que faisons-nous ? Sa maman et nous ses proches ne pouvons pas l’accepter, le faire valider en France sans autres éléments que le simple manifeste de " ce putain de bateau."

« Oui nous comprenons votre demande ; elle est légitime, elle se comprend tout à fait ; Je compatie avec vous, je vous comprends, je sais que c’est dur »

 mais MERDE pas tant de sentiments, réagissez, faites bouger votre président WADE ; 3 mois se sont écoulés, passez à l’action !…

  Pour information, suite à cet entretien, je dois faire un courrier à ce ministre qui le retransmettra au président WADE.

Mes termes seront identiques à cette lettre et pourront se résumer à une seule pensée : Sortez ce putain de bateau ! ! "

Ce ministre m’a promis que ma lettre sera bien acheminée sur le bureau du président WADE, j’attends l’accusé de réception . Une promesse de plus. Comment vérifier ? 

Le président WADE m’a promis de sortir ce putain de bateau " quelques semaines seulement après son naufrage. La preuve quelques mois après …

  Enfin, pour résumer ces deux entretiens, plusieurs choses en ressortent :

- Même eux ne savent pas ce qu’il en est véritablement.

- Je les ai senti dépassé par les événements.

- Je les ai pris à l’improviste pour savoir la suite de ce dossier, je n’ai RIEN appris de plus

-  En France, personne ne bouge, ce ministre n’a fait que passer les demandes, les doléances des familles, de la délégation ; intermédiaire relatant les faits ; qu’en est-il au Sénégal ? ?

  Une chose certaine, nous nous battons tous les jours pour faire la lumière sur ce drame ; c’est dur ; nous sommes tout petits, beaucoup de choses nous échappent ; qu’en est-il plus haut ? Que font tous ces politiciens ? Sont-ils véritablement humains ? Se sentent-ils impliqués ?

  Tous les jours nous devenons un peu plus grands et ceci grâce à notre association alors vous REAGISSEZ, AIDEZ-NOUS ! ! !

  Marcel m’a appelé successivement au fil du temps que je grandissais son neveu Néné, son neveu Stéphane, son petit frère

Je suis célibataire à l’aube de mes 30 ans, Marcel lui avait attendu sa promise à l’aube de ses 45 ans, c’était bien elle, sa Laurence, qui lui était destiné, celle qui lui correspondait en tout point, celle qui l’attendait…

Ils sont partis ensemble, main dans la main, amoureux à jamais

La vie est parfois mal faite.

Ou que vous soyez, je sais que toi, Marcel, vivant toujours à 100 à l’heure, dynamique, joyeux de vivre, mordant à pleine dent tous les moments de la vie ; maintenant je ne vais pas me morfondre, tu ne le voudrais pas, je le sais…

Je ne pourrai jamais t’oublier et pour moi tu restes et tu resteras au fond de mon cœur comme un modèle.

  Oh, grand frère tu me manques…

  J’arrête d’écrire car les sentiments, le souvenir prennent le dessus…Je pleure, je me lâche, ça me fait du bien, c’est trop précipité, trop frais…

MERDE à ce dernier voyage, à " ce putain de bateau "

  Stéphane ,ton petit frère

PS : J’ai décidé d’intituler cette lettre : « putain de bateau » en souvenir d’un « putain de camion » qui font partir des personnes méritantes de vivre toujours trop tôt. C’était pas l’heure… »

 

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