Courrier de Nathalie et Pierre MEYZIE daté du 14/02/2003

À l’attention de Monsieur Poul Nielson

Monsieur Claus Sorensen


Pour nous, notre position reste identique.
Notre frère Jacques avec Elisabeth son épouse ont disparu dans le naufrage du JOOLA. Jacques avait épousé le 21 septembre 2002 Elisabeth, originaire de Ziguinchor, et s’est en rentrant sur Dakar qu’ils ont tous deux rencontrés la mort. Nous avons énormément de mal à imaginer qu’elles ont du être leurs douleurs, leurs souffrances, leurs sentiments. Ce que nous savons c’est que nous ne pouvons pas admettre l’inertie qui est imposé face à cet événement dramatique :
Nous comprenons que nous ne pouvons pas opposer des sentiments paternalistes de l'Europe à un mouvement ownership qui doit représenter le respect et le développement efficace des pays tiers.
Il est cependant nécessaire que ces pays, ayant signé avec l'Europe soient respectueux de leurs engagements, et tout d'abord de tout mettre en oeuvre pour permettre de mettre un terme à cette dramatique situation. Nous ne concevons pas une aide humanitaire sur des projets de bonne gouvernance, de mise à disposition d'eau potable et sanitaire, ainsi que d'infrastructure routière, alors que la dignité humaine n'est pas reconnue par le gouvernement ayant signé avec l’Europe.
Nous ne pouvons tolérer le mutisme des autorités sénégalaises et leur dédain envers les familles des victimes.
Le deuil de nos enfants, parents, frères, sœurs........ne peut se résumer à laisser en l'état cette épave. Il est inconcevable que les dispositions arrêtées lors de ce dramatique naufrage ne soient pas mises en application.
Nous ne pouvons pas accepter que des centaines de corps de nos proches soient laissés dans l'océan.
Ressentir une douleur et compatir à un deuil, n'a jamais permis de trouver des solutions efficaces.

Nous souhaitons que l'Europe intervienne en tant que médiateur au sein d'un processus d'échanges entre les différentes familles européennes et les autorités sénégalaises. Nous permettons de rappeler qu'aucune aide n'a été à ce jour apportée aux familles des victimes au Sénégal, plus de 4 mois après ce drame.
Nous souhaitons le renflouage de l'épave avec une expertise de son contenu et des différents éléments pouvant expliquer le déroulement de ce naufrage.
Nous voulons être sur que le repos des nôtres n’a pas été troublé par des pillages, et c’est pour cela qu’il est nécessaire de le vider et de le sortir.
Nous voulons récupérer nos défunts et les identifier, retrouver des objets personnels et leurs restitutions à leurs familles, obtenir la vérité sur les conditions du naufrage et de la non-assistance aux victimes, la mise en danger d'autrui.
Il est important d'aider les pays en voie de développement à reconnaître la nécessité de la mise en sécurité de la vie d'autrui. Les institutions gouvernementales des pays en voie de développement ne peuvent pas se permettre de n'avoir aucune action, et de demander l'aide de pays tiers dans d’hypothétiques développements routiers.

Comment peut on accepter l'idée même qu'un bateau de 550 passagers, avait sur son manifeste 1143 personnes, et qu'après un macabre décompte ils soient plus de 1863 victimes.

Nous demandons à l'Europe d'agir pour les familles des victimes du JOOLA.

Pierre MEYZIE
Frère cadet de Jacques (39 ans) et
Beau frère d’Elisabeth Bertille (28 ans),son épouse.
Nathalie MEYZIE
Belle sœur de Jacques  et d’Elisabeth , son épouse.

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