Les démarches effectuées


Du 8 au 18 octobre 2002

Trois membres de la famille de marcel se sont rendus au Sénégal huit jours après le naufrage pour tenter d'en savoir davantage. 
Voici leur compte rendu ci-dessous)

Du 20 au 27 décembre 2002
Les parents de Laurence se sont rendus au Sénégal du 20 au 27 décembre 2002 : 
lire leur récit de voyage .

Mardi 8 octobre 2002

Arrivée à Dakar à 21h00. Il y a 2h de décalage horaire avec la France, il fait très chaud et humide à la sortie de l’aéroport  nous sommes attendus par le chauffeur de l’ambassade qui tient une pancarte avec nos noms.
Il nous emmène à l’hôtel le Ganalé,  la première vision de Dakar est plutôt peu encourageante

 


Dakar vu de l'hôtel

Mercredi 9 octobre

A 9 heures, nous partons pour aller interroger les différentes administrations. Nous sommes allés d’abord à l’hôtel de ville de Dakar où une liste des disparus est établie ; les numéros sont le 89 pour Laurence et le 504 pour Marcel et c’est un ordre alphabétique . Puis, direction le ministère des affaires étrangères ; là nous rencontrons un capitaine qui semble surpris de l’écart des numéros 633 et 301 pour un couple mais il nous renvoie à l’ambassade de France pour plus d’explications.

Ensuite nous avons rencontré M.Leger (secrétaire du Consul de France à Dakar) et Mme le consul et l’après midi, le commissaire de police qui est formel sur le fait de ne pas avoir retrouvé les corps de Laurence et Marcel, mais beaucoup sont encore prisonniers de l’épave qu’ils ne peuvent plus visiter à cause de l’instabilité du bateau, une partie de celui-ci est calée dans le sable et fait des mouvements de va et vient ce qui met la vie des plongeurs en danger. Les autorités envisagent deux solutions :  
- Soit  l’emmener en pleine mer et le vider
- Soit  bâtir un coffrage pour faire une sépulture.

 Pour le moment ils surveillent juste pour que personne ne le pille. Tous les corps blancs sont mis à part jusqu’à identification. L’ambassade a fait voir les photos d’européens à Patrice Auvray qui est le seul rescapé blanc à ce jour mais il n’a  apparemment pas vu Laurence et Marcel.
 Nous posons la question : "d’où sortent les n°633 et 301" ;  personne ne sait répondre mais ils vont rechercher, ils essayent de l’expliquer par le fait qu’il y avait beaucoup de monde et qu’ils n’ont peut-être pas embarqué ensemble.
 Nous nous interrogeons beaucoup sur cette différence.

Jeudi 10 octobre

L’ambassade a tout fait pour que l’on puisse avoir des billets pour le vol Ziguinchor mais nous ne pourrons partir de Dakar que vendredi. La secrétaire de Mme le consul m’appelle à 10 heures pour me demander à nouveau le numéro que j’avais trouvé sur Internet c’est à dire les numéros 301 et  633 qui devraient correspondre à des numéros de cabine, elle ajoute que pour un couple cela paraît bizarre.

 

Vendredi 11 octobre

Départ pour Ziguinchor, arrivée à 13 heures.
Nous sommes partis en direction de la capitainerie Là bas, nous rencontrons le responsable ;  il nous dit que Laurence et Marcel n’ont pas pu avoir de cabine et nous recherchons ensemble les tickets qui comportent leurs noms et n° mais leurs tickets correspondent à des sièges ; les numéros sont 16882 Laurence et 16883 Marcel.
 Le responsable se souvient très bien de Marcel le mardi lors de l’achat des billets mais ne peut pas nous dire s’ils ont pris le bateau le jeudi. Le soir nous rencontrons Samba, le guide, qui a fait une excursion avec Laurence et Marcel ; il nous propose de rencontrer Donantine, la gérante du campement d’Affiniam, c’est la dernière personne à avoir vu Laurence et Marcel. Il nous dit aussi qu’ils sont descendus par la route et qu’ils ont dû passer toute la nuit à un poste frontière et que Laurence avait très mal au cou suite à cette nuit dehors. Il nous dit aussi que Marcel est une personne très méfiante et que pour être sûr que c’était bien le guide recommandé par « le guide du routard » il a demandé aux employés de l’hôtel « le flamboyant » de le reconnaître.

 

Samba Faye, guide et Piroguier

Samedi 12 octobre

Départ pour Affiniam à 9 heures en pirogue. Arrivée au campement vers 10h30. 
Là, nous visitons les lieux où ont dormi Laurence et Marcel, c’est beau mais ça fait mal d’être si proche et à la fois si loin. Donantine n’est pas là mais la cuisinière du camp nous indique l’endroit où nous pourrons la trouver. Elle nous raconte leur dernière soirée, çà avait l’air d’être plutôt sympa.

L’après-midi nous sommes allés à l’hôpital régional de Ziguinchor, l’infirmier de garde consulte le registre des entrées mais leurs noms ne figurent pas sur la liste ; nous montrons la photo, mais là non plus, pas de réponse. Le soir nous rencontrons Donantine ; elle nous dit qu’elle les a vus au port mais ne peut pas nous dire s’ils ont embarqué. C’est une femme africaine de 46 ans qui a beaucoup apprécié Laurence et Marcel. C’est elle qui a signalé que peut-être ils étaient à bord auprès des autorités. Elle nous fait partager les moments de joie qu’ils ont passé ensemble, elle est douce et très émouvante dans ses propos. Puis les larmes se sont mises à couler et elle nous demande si elle peut conserver leur photo pour la mettre dans le campement. Elle veut tout faire pour nous aider et nous donne rendez-vous le lundi matin pour voir l’inspecteur du tourisme.

 

 

Yves et Samba au campement

 

Campement d'Affiniam

 

Dimanche 13 octobre

Journée très longue car on ne peut pas avoir de renseignements ; personne ne travaille.

 

Lundi 14 octobre

L’inspecteur du tourisme nous reçoit à 10 heures il ne peut lui non plus nous dire s’ils ont pris ce foutu bateau. Il nous envoie à la BMS ; là, l’inspecteur fait une photocopie des fiches de police que nous avons récupérées à l’hôtel le flamboyant et il promet de  donner suite avant notre départ.

 

 

Mardi 15 octobre

A 9h00, Mme Chiche, le consul de Ziguinchor, nous dit qu’elle a pris rendez-vous avec le gouverneur à 16h00 ; lui non plus ne peut nous dire grand chose de plus si ce n’est qu'il reconnaît que même à ce jour il y a encore des gens qui viennent se faire enlever des listes car ils ont donné leurs billets à d’autres personnes. L’après-midi, on part en direction de la gare routière pour voir s’ils n’avaient pas pu rentrer par la route, mais, arrivés sur place, nous nous rendons à l’évidence que nous ne pourrons rien contrôler car le bureau qui se trouve à l’entrée de la gare ne contrôle rien et nous ne pouvons rien demander sur place de peur de se faire arnaquer vu l’ambiance et les personnes qui se trouvent là.

 

 

Mercredi 16 octobre

 

Nous repartons à 9h00 en direction de la gare routière ; là, nous prenons un taxi brousse en direction de Bignona route de Dakar. Nous nous sommes arrêtés au campement militaire de Bignona. Là, nous avons été reçus par le chef de corps, le commandant Djam ; celui-ci nous informe que les militaires ne contrôlent pas les identités des voyageurs de Casamance mais seulement les marchandises transportées, il nous renvoie vers la gendarmerie. Arrivés là-bas, nous sommes reçus par le capitaine ; il prend la photo de Laurence et Marcel et leur numéro de passeport ainsi que nos coordonnées et nous laisse ses coordonnées téléphoniques

 

Jeudi 17 octobre

Nous décidons de partir en direction de Goudomp ; c’est un itinéraire plus long pour Dakar mais plus sûr car il évite de passer par la Gambie. Arrivés au premier poste de contrôle les gendarmes nous demandent nos passeports ; là, nous remarquons qu’ils tiennent un cahier journalier de passage, alors nous donnons les fiches de police et la photo de Laurence et Marcel, le gendarme contrôle sur son cahier mais ils n’y sont pas. Nous continuons notre route pour Goudomp et là bas nous allons au dispensaire du village ; l’infirmier de garde prend la photo mais il ne  reconnaît  personne.
L’après-midi, bien décidés à avoir le moindre élément à ramener à la famille, nous partons dans les rues de Ziguinchor avec, en main, la photo.Nous longeons la rue du commerce, c’est à dire là où ont été vus,pour la dernière fois, Laurence et Marcel et, au détour du quartier Boudody, nous avons rencontré un jeune homme à qui la photo de Laurence disait quelque chose sans être formel donc nous ne pouvons pas, malgré tous nos espoirs, prendre son témoignage en considération.

 Nous sommes même allés à la prison. Après tout cela, nous décidons de regagner l’hôtel car là, nous sommes vraiment pleins de tristesse et désespoir.

 

vendredi 18 octobre

Départ pour Dakar à 9h30. Désiré et Donantine nous rejoignent à l’aéroport de Ziguinchor pour nous dire au revoir ; Sandra donne une photo à Désiré pour qu’il la mette au Cybercafé car, on ne sait jamais,  un Internaute pourrait nous donner des éléments sur nos recherches.

Arrivés à Dakar, une voiture de l’ambassade nous prend et nous emmène à l’hôtel le Ganalé ; après le repas, nous avons une dernière fois rendez-vous à l’ambassade à 15h00.

M.LEGER nous parle de la difficulté qu’il peut avoir avec l’état du Sénégal pour faire avancer les recherches à bord du JOOLA et nous demande de faire les pressions nécessaires en France pour faire avancer les choses sur place. L’inspecteur Benezech vient nous rejoindre et nous dit qu’il n'y a pas d’autres nouvelles concernant Laurence et Marcel ; ils nous font comprendre qu’il faut se rendre à l’évidence. Nous lui demandons alors de délivrer à la famille un certificat de décès et là il nous répond qu’ils ne peuvent pas les déclarer morts mais disparus.

Là, notre colère est telle que Sandra lui demande s’ils sont morts ou disparus et quels sont les moyens mis en place pour faire des recherches de personnes. Il lui demande pourquoi et elle lui répond tout simplement que, s’ils ne sont pas morts, il faut faire des recherches et que l’on veut les formulaires de disparition. Il nous promet qu’il nous les fera parvenir lundi. Nous parlons ensuite du bateau pour savoir si une décision avait été prise. il nous explique qu’il a complètement coulé, qu’il est couché sur le coté. Leur problème actuel est qu’il est sur une voie maritime à 25 mètres de fond. On lui explique que ce n’est pas notre problème et que nous voulons que le bateau soit renfloué et fouillé et que c’est le seul moyen à ce jour de savoir si Marcel et Laurence étaient à bord ou pas.

 Ils admettent que les pièces d’identité, passeports, bijoux ne peuvent pas se détériorer dans l’eau et que ce serait des preuves.

Sandra insiste pour qu’une enquête soit ouverte et leur dit : "si vous laissez là ce bateau sans rien faire ça sera une falsification de preuves et nous porterons plainte".

Nous avons bien reçu le formulaire dans lequel on nous demande tout simplement la date du vol retour et le nom des dernières personnes vues par Laurence et Marcel.

Nous espérons tous avoir de vos nouvelles
 Christophe Sandra et Yves

 

 

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